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L’adaptation de l’agriculture au dérèglement climatique nécessite des transformations « en profondeur », constate la Cour des comptes

Neuf jours après la fermeture des portes du Salon international de l’agriculture, alors que la colère des agriculteurs n’est pas totalement retombée, la Cour des comptes rappelle, dans son rapport annuel, publié mardi 12 mars et consacré, en 2024, à l’adaptation au réchauffement climatique, les vulnérabilités des filières agricoles.
Les défis pour le secteur, auquel les magistrats consacrent un chapitre, sont nombreux : comment protéger la fertilité des sols dans un contexte où les aléas climatiques se multiplient ? Comment préserver les rendements de cultures de plus en plus dépendantes de l’irrigation, quand la ressource en eau se raréfie ? Comment concilier la préservation de l’environnement avec l’impératif de souveraineté alimentaire, que le gouvernement a érigé en priorité nationale en réponse à la crise agricole ?
Le rapport de la cour se concentre uniquement sur les cultures de céréales, rappelant que cette filière, dont la moitié de la production est destinée à l’exportation, est stratégique. Depuis une vingtaine d’années, les cultures céréalières subissent déjà les conséquences du changement climatique, ce qui a des effets aussi sur d’autres filières, le rapport insistant sur leur forte interdépendance : d’abord à l’égard de l’élevage, parce que la moitié des céréales consommées en France sont destinées à nourrir les animaux, mais aussi des cultures d’oléoprotéagineux (colza, tournesol) ou de légumineuses, qui entrent dans les rotations de cultures.
Le rapport de la cour souligne que les rendements ont déjà commencé à stagner, en particulier pour le blé tendre et le maïs, depuis le début des années 1990. « L’impact de l’amélioration des espèces par sélection génétique est désormais compensé par les aléas dus au changement climatique, qui rendent les conditions de culture de plus en plus difficiles à anticiper », écrit la juridiction, qui souligne que cette stagnation des rendements est aussi due à la dégradation des sols, en raison de l’intensification des pratiques.
D’après différents travaux de modélisation recensés par les magistrats de la Rue Cambon, les régions du sud de la France sont celles qui risquent le plus de voir leurs rendements baisser.
L’un des principaux sujets de tension concerne la ressource en eau. Les céréales occupaient, en 2020, la moitié des surfaces de culture irriguées en France, qui elles-mêmes représentent 6,8 % de la surface agricole totale, et les conflits d’usage vont croissant : en période estivale, sur certains bassins, l’usage agricole représente plus de 90 % de l’eau consommée, rappelle la cour. Le rapport souligne que les ouvrages de stockage de l’eau destinés à l’irrigation « peuvent, dans certains cas, présenter un risque de mal-adaptation au changement climatique, selon leur taille, leur situation et leur mode de remplissage », et cite d’autres initiatives, comme le programme R’Garonne, en Haute-Garonne, visant à recharger les nappes phréatiques par des dispositifs d’infiltration.
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